Accueil A la une Baisse considérable des cas d’infection en Tunisie : Gare à la politisation !

Baisse considérable des cas d’infection en Tunisie : Gare à la politisation !

La Tunisie avance à grands pas dans sa lutte contre le coronavirus. A la date du 10 mai, pour la première fois depuis le début de la pandémie, aucun nouveau cas n’a été enregistré, alors que les cas de guérisons ne cessent d’augmenter. On parle d’ailleurs de plusieurs gouvernorats complètement guéris du coronavirus et d’une baisse du taux d’infection à l’échelle nationale. Des prouesses qui rassurent sur la capacité de la commission scientifique de lutte contre le coronavirus à maîtriser la situation mais qui nous imposent plus de vigilance et de conscience.

La Tunisie n’a enregistré aucun nouveau cas de Covid-19 à la date du 10 mai dernier. Un résultat encourageant qui a déchaîné les passions des médias nationaux et étrangers, d’autant plus qu’au début de la pandémie, il y a plus de deux mois, personne ne pensait que la Tunisie allait maîtriser aussi rapidement la contagion. Pas de nouvelles contaminations, ni de nouveaux décès, a annoncé le ministère de la Santé dimanche dernier. En effet, sur un total de 292 analyses effectuées, dont 40 sur des cas anciens atteints du Covid-19, aucune nouvelle contamination n’a été enregistrée en date du 10 mai 2020 et 10 cas anciens ont été de nouveau confirmés. Le bilan est maintenu ainsi à 1 032 cas confirmés sur un total de 32 818 analyses effectuées dont  3 239 prélèvements réalisés au cours de ces dernières semaines à l’Hôpital militaire. Ainsi le nombre de malades guéris est porté à 700 avec un taux de guérison de 67%, 287 sont encore porteurs du virus et sont toujours en observation dont 11 sont hospitalisés et 45 sont morts des suites du Covid-19.

En dépit de ces résultats positifs, il ne faut pas crier victoire assez rapidement, et pour cause, le risque d’une deuxième vague de contaminations n’est pas exclu et les scènes d’encombrement et de relâchement observées au début de la période de déconfinement font craindre un rebond de la contamination.

Des gouvernorats indemnes

Commentant ces nouvelles données épidémiologiques, le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a estimé hier, lors d’une séance d’audition au parlement, que les «Tunisiens ne doivent pas céder au relâchement après les derniers chiffres encourageants enregistrés et que la vigilance sera toujours de mise».

C’est également dans ce contexte que Nissaf Ben Alaya, directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (Onmne), a averti contre tout relâchement qui ne sera pas sans conséquences sur la situation épidémiologique en Tunisie. Elle explique que le fait de n’avoir enregistré aucun nouveau cas Covid-19 dans notre pays ne signifie pas l’éradication totale de l’épidémie. Selon ses dires, de nouveaux cas pourraient être détectés durant les jours à venir. « Les cas dépistés dernièrement auraient déclenché de nouvelles chaînes de contamination dans leur entourage. De ce fait, les opérations d’investigation pour détecter d’éventuels nouveaux cas se poursuivront dans les différentes régions où des citoyens ont été testés positifs au Covid-19», a-t-elle expliqué dans des déclarations médiatiques.

Le dernier bulletin épidémiologique du dimanche 10 mai 2020 fait observer que les cinq gouvernorats Zaghouan, Jendouba, Kasserine, Tozeur et Sidi Bouzid ne comptent plus aucun cas de Covid-19. L’ensemble des citoyens ayant contracté le virus dans ces régions se sont totalement rétablis. Cependant, selon les dernières données publiées par le ministère de la Santé, Kébili est désormais en tête des gouvernorats qui comptent le plus de cas confirmés de coronavirus avec 60 cas contre 55 à Tunis, et un taux de 60 infections pour 100 mille habitants.

Mais dans la foulée de ces dernières données épidémiologiques et dans ce contexte qui nous renvoie à une maîtrise assez efficace de la situation, la lutte contre le coronavirus semble virer vers la politisation. En effet, alors que l’heure doit être à la solidarité et à l’union et l’unité nationale, deux personnalités politiques qui devraient être d’accord sur toute la ligne, vu qu’elles font partie de la même alliance gouvernementale, ont décidé de céder à la surenchère politique. En pleine crise contre le coronavirus, ces deux responsables politiques sont tombés dans le piège des règlements de comptes politiques. Il est question d’un clash médiatique opposant le député et secrétaire général du mouvement Achaâb, Zouhair Maghzaoui, au ministre de la Santé, Abdelatif Mekki. Alors que le premier accuse le second d’incapacité et d’incompétence, la situation a rapidement dégénéré entre les deux hommes, mais aussi entre Achaâb et Ennahdha qui, rancuniers, ne semblent pas avoir oublié les conflits de la période des négociations portant sur la formation de l’actuel gouvernement.

Même si Maghzaoui affirme n’avoir aucun problème idéologique avec le parti Ennahdha, il a sévèrement critiqué l’attitude du ministre de la Santé, l’un des leaders du parti islamiste qui, selon ses dires, veut  s’attribuer le mérite de la maîtrise de la crise du Covid-19. Toutefois, pour Maghzaoui, cet exploit constitue le fruit d’un effort collectif et que plusieurs décideurs du secteur ainsi que les soignants se sont investis pour atteindre ce résultat.

La réponse n’a pas tardé. Fidèle à lui-même, Mekki a réagi sur son compte Facebook et a saisi son clavier pour répondre à Maghzaoui, lui signifiant qu’il «n’y avait pas de meilleure victoire qu’en comptant sur les scientifiques et en croyant en leur compétence».

Un clash qui dissimule en effet une profonde divergence au sein de la coalition gouvernementale et qui nous rappelle que les problèmes d’hier n’ont pas été dépassés en dépit de la crise sanitaire. Nous craignons dans ce sens que cette crise ne fasse que retarder l’apparition de grands conflits dans l’équipe d’Elyes Fakhfakh, soudée et solidaire jusque-là pour faire face à la pandémie.

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